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ŒIL SUR… D’OÙ VIENT MON POISSON ?

  • Photo du rédacteur: ayonslœil
    ayonslœil
  • 28 avr. 2021
  • 5 min de lecture


Se demander d’où viennent nos légumes, vérifier la provenance de notre viande sont des habitudes qui se sont peu à peu ancrées dans notre quotidien. Cependant, avons-nous le même réflexe quand nous choisissons du poisson ? Comment se renseigner sur la traçabilité et démêler le vrai du faux parmi les différents labels ?


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Nous avons sûrement tous entendus parler de la pêche industrielle dont certaines méthodes sont de plus en plus discréditées.

La concurrence des gros navires français ou étrangers (notamment néerlandais) qui pratiquent cette pêche industrielle, ainsi que les techniques de pêche utilisées font du tort aux pêcheurs artisanaux des côtes normandes et du nord de la France. Ces différentes méthodes correspondent globalement à la pêche électrique, au chalutage, à la pêche à la senne, ou encore à la pêche à l’explosif.

N’hésitez pas à regarder l’infographie du site France Nature Environnement pour avoir un aperçu des différentes méthodes de pêche et leurs conséquences.

Par exemple, les chaluts sont destructeurs des fonds marins, ce qui induit une perte colossale de biodiversité et donc un fort impact au niveau de la chaîne alimentaire.



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Par ailleurs l’exploitation du poisson n’est pas souvent durable – surtout lorsque la surpêche est pratiquée. L’objectif de l’UE pour 2020 était de faire disparaître la surpêche mais malheureusement cet objectif n’a pas été honoré. Il existe bien des « stocks » de poissons identifiés par espèces et zones, mais il arrive parfois qu’ils ne soient pas respectés. Les quotas quant à eux sont difficiles à tenir car plusieurs espèces sont pêchées en même temps. Il s’agit du « bycatch » : capture involontaire d’espèces non ciblées et rejetées à la mer souvent atrophiées ou mortes (par exemple les dauphins, requins, tortues). A tel point que l’on peut se demander si l’on ne se dirige pas vers une raréfaction du poisson...


Qu’en est-il alors du poisson d’élevage ? Attention, comme pour l’agriculture, il existe des élevages intensifs avec des problèmes éthiques (mal-être dû à une trop forte densité, prolifération des maladies...) ou des accidents qui peuvent en découler (suite aux nouvelles techniques ou nouveaux outils utilisés et mal maîtrisés). Il paraît donc indispensable de bien se renseigner sur l’entreprise d’où provient le poisson d’élevage.


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Quelles pourraient être les solutions pour lutter contre les méthodes de pêche destructrices et la surpêche ?

Il faut d’abord savoir que c’est l’Union Européenne qui définit les grandes lignes politiques de ce domaine, et que chaque État doit par la suite affiner ses principes. En tant que citoyen, nous pouvons donc utiliser notre pouvoir en votant pour des politiques plus durables ou en participant aux manifestations organisées. Nous avons également un autre pouvoir qui réside dans notre choix de consommation, et choisir un poisson plutôt qu’un autre transposera notre soutien à telle ou telle méthode de pêche.


Il est donc important d’essayer de définir ce qu’est la pêche durable : il s’agit essentiellement de bannir les méthodes de pêche les plus destructrices, pratiquer une pêche davantage sélective sur les espèces et leur taille pour ne rien rejeter et tout consommer dans l’idéal, limiter l’impact sur l’environnement marin, protéger les habitats, laisser un temps de reproduction à la faune marine, permettre la reconstitution des stocks, créer des réserves marines, suivre les avis des scientifiques et mettre en place une traçabilité systématique.

Les méthodes de pêche les plus durables sont la pêche au filet droit, à l’hameçon, à la ligne, au casier. Cependant comme précisé plus haut, même avec une méthode plus éthique il faut faire attention aux stocks menacés.

A noter que depuis décembre 2014, la méthode de pêche doit être indiquée sur le poisson.


Si vous souhaitez approfondir le sujet, vous pouvez écouter l’émission la Terre au Carré présentée par Mathieu Vidard sur France Inter.



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Peut-on s’aider des labels ?

Le label le plus connu, le label MSC, a été créé en 1997 à l’initiative de WWF et du groupe Unilever, et est censé garantir une pêche durable. Ce label est aujourd’hui controversé : l’association BLOOM a notamment étudié toutes les pêcheries labellisées et en a conclut que les méthodes de pêche utilisées étaient largement plus destructrices que ce que le label veut bien laisser entendre (chaluts de fond, dragues...). Il semblerait que les seuls types de pêche exclus soient la pêche par explosif ou par poison, considérées comme non « durables ». Tout le reste serait donc autorisé ?! Il lui est également reproché de ne pas pratiquer une lutte assez efficace contre la surpêche.

Par ailleurs, le label a tendance à communiquer énormément sur la pêche artisanale, or celle-ci ne représenterait que 7 % du poisson labellisé ! Méfiance donc vis-à-vis de la différence entre l’image que veut bien se donner ce label et la réalité…

On se souvient peut-être de la campagne menée par Greenpeace en 2017 contre Petit Navire : la marque utilisait une méthode de pêche particulièrement destructrice avec des dispositifs de concentration de poissons, était très floue sur les conditions de travail de ses employés et se cachait derrière le label MSC pour faire du greenwashing.



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Il existe d’autres labels tels que le Pavillon France, qui certifie que le poisson est issu de la pêche française. Il montre une volonté à tendre vers une pêche plus durable, plus sélective, et met l’accent sur la traçabilité.


Le label AB peut être combiné à d’autres labels et garantit que le poisson est certifié biologique, qu’il est issu d’un élevage de haute qualité respectant l’animal et l’environnement.


Le label Nature et Progrès offre davantage de garanties : respect de la saisonnalité, conservation de la biodiversité et des écosystèmes sauvages, bien-être animal, souveraineté alimentaire.

Par exemple pour les huîtres, le label agriculture biologique (AB) garantit que les huîtres sont diploïdes (à la différence des triploïdes, qui ont été modifiées génétiquement), tandis que le label Nature et Progrès garantit non seulement qu’elles sont diploïdes, mais aussi nées et élevées en mer. Petit conseil : préférez les déguster les mois en « r » — septembre, octobre, novembre et décembre !



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Outre les labels, voici les critères auxquels nous pouvons faire attention lors de notre choix :

- lorsque l’on se rend chez son poissonnier ou au marché, ne pas hésiter à se renseigner sur la provenance ainsi que sur la méthode de pêche, dont l’affichage est obligatoire

- acheter local : privilégier la proximité en choisissant les poissons de rivière ainsi que ceux pêchés en Atlantique Nord ou Méditerranée ; de nombreuses espèces dont nous avons l’habitude vivent dans les eaux françaises (exemple : dorade, mulet ou rouget). Cela a également l’avantage de faire vivre nos pêcheurs !

- diminuer sa consommation d'espèces menacées

- comme pour les fruits et les légumes, respecter les saisons

- privilégier le poisson de petite pêche côtière artisanale avec des bateaux de – 12m

- diversifier son alimentation : éviter le saumon (préférer la truite) et les crevettes tropicales par exemple


Voici également un petit guide du WWF pour vous aider dans vos choix.


Pour consommer le plus frais possible, voici quelques endroits où se fournir en circuit court :

- cartographie de l’association pleine mer

- Hissez Oh : système de paniers de poissons frais à composer, livraison le lendemain, offres en temps réel ; engagement d'une meilleure rémunération

- Poiscaille : sorte d'AMAP version mer, paniers à venir chercher, possibilité de se faire livrer chaque semaine ou chaque mois, ou à la carte, dans un point relais, pêche française, sauvage, durable et éthique


En espérant vous avoir éclairé sur ce sujet, je n’ai plus qu’à vous souhaiter bonne dégustation !

N’hésitez pas à partager vos recettes !


Ayons l’œil.




Sources :


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